Lundi 23 novembre 2020,
Nitrites ajoutés : les avocats des industriels charcutiers menacent Yuka et donc foodwatch et la Ligue contre le cancer
Les trois organisations dénoncent une tentative d’intimidation en plein débat sur l’interdiction de ces additifs dangereux pour la santé
Il y a un an, Yuka, foodwatch et la Ligue contre le cancer lançaient une pétition commune pour exiger l’interdiction des additifs à base de nitrites et de nitrates dans l’alimentation. Un an et plus de 210 000 signatures plus tard, le débat prend de l’ampleur puisque les sels nitrités font désormais l’objet d’une mission d’information parlementaire à l’Assemblée Nationale. En réaction, la Fédération française des industriels charcutiers traiteurs (FICT), qui représente environ 300 entreprises, a décidé de s’engager dans une tentative d’intimidation plutôt que d’améliorer ses pratiques pour protéger la santé des consommateurs.
Un courrier des avocats de la FICT menace Yuka en exigeant la suppression de la pétition contre les nitrites et la modification du système de notation sur les produits comportant les additifs E249, E250, E251 et E252. Pour Benoit Martin, co-fondateur de Yuka : « Il s’agit d’une tentative inacceptable de bâillonner l’information. Notre mission est d’aider chacun à faire le meilleur choix pour sa santé. Il n’est pas question de céder face à des menaces non fondées ».
Le sujet est hautement sensible. « Certains industriels nitriteurs de la FICT préfèrent tenter de nous intimider et museler le débat public pour une alimentation saine, plutôt que de reconnaître leur responsabilité dans les cancers évitables liés à l’utilisation de ces additifs. Pourtant, un nombre croissant de fabricants commercialise des produits sans nitrites ajoutés, donc ils sont bien au courant du problème », souligne Karine Jacquemart, directrice générale de foodwatch France.
Cette démarche de la FICT est d’autant plus scandaleuse qu’elle feint d’ignorer le consensus de nombreuses études scientifiques sur les risques pour la santé de ces additifs à base de nitrites et de nitrates. Des allégations démontées point par point par Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer très engagé dans ce combat : « En France, le Président de l’Institut national du cancer et celui de La Ligue contre le cancer, deux professeurs de médecine cancérologues, parlent d’une même voix, ils demandent la sortie des nitrites. En effet, les charcuteries sont classées cancérogènes avérées par l’OMS et chaque année, en France, jusqu‘à 4 000 nouveaux cas de cancer de l’estomac ou du colon sont attribuables à la consommation de viande transformée. 80% des charcuteries sont traitées aux nitrates ou nitrites ; les charcuteries traitées apparaissent plus cancérigènes que les non-traitées à ces sels, chez les rats et les hommes. Elles provoquent des lésions de l’ADN. Cela ne fait aucun doute, il est urgent de sortir du traitement des charcuteries pas les nitrates et nitrites. »
Yuka, foodwatch et la Ligue contre le cancer font front avec détermination et vont continuer à exiger l’interdiction des additifs à base de nitrites et nitrates dans l’alimentation : « C’est déjà possible donc il faut prendre cette décision de santé publique sans tarder », insistent les trois organisations.
Sources
- Lettre des avocats de la FICT adressée à Yuka
- Lettre de la société BAHIER adressée à Yuka
- Lettre de la société HENRI RAFFIN adressée à Yuka
- Pétition foodwatch, Yuka, Ligue contre le cancer : « Stop aux nitrites ajoutés dans notre alimentation »
- Communiqué de presse, vidéo et nombreuses sources, par foodwatch, Yuka et la Ligue contre le cancer : « Nitrites ajoutés : jusqu’à 4 000 nouveaux cas de cancers par an liés à la consommation de viande transformée pourraient être évités en France » (3 février 2020)
- Communiqué de presse, rappel des faits et nombreuses sources : « foodwatch, Yuka et la Ligue contre le cancer exigent l’interdiction des nitrites et nitrates dans l’alimentation » (20 novembre 2019)
- Les instances de Gouvernance de la FICT et leurs représentants sont listés dans le rapport 2019 de la Fédération (p.60)