Le 30 mai 2023, la Cour d’appel du Québec a accepté d’entendre un appel du Fonds d’aide aux associations de procédures (FAAC) d’une décision approuvant le règlement du recours collectif lorsque l’entente de règlement a été rédigée en anglais seulement.[1] La FAAC est une agence gouvernementale d’intérêt public dont l’objectif principal est de fournir une aide financière aux demandeurs de recours collectifs.[2] En cherchant à faire appel de la décision approuvant le règlement, la FAAC soutient que le libellé de l’accord de règlement exclusivement en anglais est incompatible avec Charte de la langue française.[3]
Les jugements sont en appel
Le demandeur dans ce recours collectif allègue que les défendeurs ont participé à un conglomérat international pour gonfler les prix des pièces automobiles. Le recours collectif a été approuvé en 2020.
En décembre 2022, le demandeur, Serge Aslin, et les défendeurs, AB, SKF, SKF USA, Inc. et SKF CANADA Limited (collectivement SKF) signent une entente de règlement rédigée en anglais. La Cour suprême a autorisé la publication d’un avis dans les médias informant les membres potentiels du groupe de la prochaine audience d’approbation du règlement.
L’accord de règlement stipulait que si le tribunal l’ordonnait, l’avocat du groupe préparerait une traduction en français. La FAAC a demandé une traduction de l’accord de règlement, et les avocats du groupe ont donc demandé au tribunal des conseils sur la nécessité d’une traduction de l’accord de règlement.
Le 17 mars 2023, le juge Clément Samson a statué qu’il n’était pas nécessaire que l’avocat du groupe prépare une copie traduite de l’accord de règlement. Le juge Samson a d’abord noté l’engagement pris par le projet de loi 96[4] Pour soumettre une traduction française des documents judiciaires en attendant la décision finale du tribunal pour une contestation constitutionnelle, ce qui signifie qu’elle n’est pas applicable actuellement.[5] Il a également décidé que la traduction n’était pas nécessaire dans ce dossier particulier. L’accord de règlement était similaire à plusieurs autres accords de règlement déjà convenus, qui ont tous été rédigés en anglais, et aucun membre n’a contesté ces règlements.
Suite à cette décision, le 5 avril 2023, le juge Samson a approuvé l’entente de règlement.[6] Le 30 mai 2023, la Cour d’appel a autorisé la FAAC à interjeter appel de ces deux jugements.
Arguments des parties concernant la Charte de la langue française
La FAAC allègue que l’absence d’une copie française de l’entente de règlement viole les droits fondamentaux des membres du groupe en vertu de la FAAC Charte de la langue française. Elle soutient que le demandeur n’avait pas le pouvoir de renoncer au droit des membres du groupe à une version française de l’entente de règlement, étant donné que le groupe est composé de millions de Québécois, dont la plupart sont francophones.
De plus, la FAAC soutient qu’il ne suffit pas de fournir des avis bilingues aux membres du groupe. Ils doivent avoir accès à une copie française de tous les documents liés au recours collectif, y compris l’entente de règlement. Cela permettra aux membres du groupe de consulter et de contester l’entente de règlement lors d’une audience d’approbation de règlement s’ils le souhaitent.
L’avocat du groupe soutient qu’il n’y a pas de violation des droits fondamentaux et que la décision du 17 mars 2023 par laquelle le tribunal s’est déclaré satisfait de l’accord de règlement en anglais seulement est une décision administrative qui mérite le respect. Le demandeur allègue également que la publication et la disponibilité d’avis interprétatifs détaillés en français aux membres du groupe permettent à tout membre du groupe québécois de comprendre la portée et le contenu de l’Entente de règlement.
Qu’attendez-vous de la Cour d’appel ?
L’argumentation devant la Cour d’appel du Québec est susceptible d’aider à déterminer s’il existe une obligation en vertu Charte de la langue française Fournir aux membres du groupe une copie française de l’entente de règlement. Le juge Guy Gagnon a identifié cette question comme digne d’être examinée par la Cour d’appel. La cour d’appel peut également déterminer si le juge chargé de la gestion de l’instance a le pouvoir discrétionnaire de déterminer s’il est nécessaire de fournir aux membres du groupe une entente de règlement traduite dans le contexte d’un recours collectif particulier.
Nous attendons la décision de la Cour d’appel et fournirons une nouvelle mise à jour à cet égard. Entre-temps, il serait judicieux que les défendeurs et les demandeurs rédigent les ententes de règlement en français et en anglais afin d’éviter d’éventuels retards dans l’obtention de l’approbation.