Le président français Emmanuel Macron a déclaré qu’il ne participerait pas à la marche de dimanche contre l’antisémitisme, mais qu’il partagerait ses « idées ». La dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen a déclaré qu’elle prévoyait d’assister à la marche, déclenchant une série de querelles entre les partis politiques dans un contexte de recrudescence des incidents antisémites à travers la France.
Des dizaines de milliers de personnes devraient participer à la marche de dimanche contre l’antisémitisme. Plus de 3 000 policiers et gendarmes seront déployés dans la capitale française pour assurer la sécurité de la « Grande marche civile », selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Le président Emmanuel Macron a déclaré samedi qu’il ne se joindrait pas à la marche, mais qu’il assisterait en « pensée » à la « Grande marche civique ».
« Je serai là dans mon cœur et dans mes pensées », a déclaré Macron, après avoir averti que l’antisémitisme était à nouveau en hausse en France.
Dans une lettre ouverte publiée samedi soir par le journal Le Parisien, à la veille de la marche, Macron a condamné le « retour intolérable d’un antisémitisme débridé » et a déclaré que « la France dans laquelle craignent nos citoyens juifs n’est pas la France ». « .
Les tensions montent à Paris, qui abrite d’importantes communautés juives et musulmanes, à la suite de l’attaque du Hamas du 7 octobre, suivie d’un mois de bombardements israéliens sur la bande de Gaza.
La France a recensé près de 12 250 actes antisémites depuis l’attentat.
Mardi, la présidente de l’Assemblée nationale Yael Braun-Bivett et le président du Sénat Gérard Larcher ont appelé à une « mobilisation générale » lors de la marche contre la montée de l’antisémitisme.
Ils devraient mener la marche derrière une banderole sur laquelle on peut lire « Pour la République contre l’antisémitisme ».
Le parti d’extrême gauche boycotte la marche
La dirigeante d’extrême droite française Marine Le Pen a suscité cette semaine une vague de critiques concernant son projet de participer à la marche de dimanche, affirmant que son parti, le Rassemblement national, n’avait pas réussi à se débarrasser de son héritage antisémite malgré sa légitimité politique croissante.
Les critiques de Le Pen considèrent sa présence comme une tentative de profiter de la guerre entre Israël et le Hamas pour se rendre plus acceptable auprès des grands électeurs.
Le fondateur du parti, Jean-Marie Le Pen, son père, a été reconnu coupable à plusieurs reprises de discours de haine antisémite et a minimisé l’ampleur de l’Holocauste. Sa fille, Marine, vice-championne à la dernière élection présidentielle et susceptible d’être une candidate de premier plan en 2027, a œuvré pour effacer l’image du parti, en expulsant son père et en changeant son nom du Front national en Rassemblement national.
Mais l’actuel président du parti, Jordan Bardella, a déclaré cette semaine dans un entretien à BFM TV qu’il ne croyait pas que Jean-Marie Le Pen était antisémite, une remarque qui a ravivé le lien entre passé et présent.
Le parti d’extrême gauche France Résiliente a déclaré qu’il boycotterait l’événement, et le leader de France Résiliente, Jean-Luc Mélenchon, a décrit la marche comme une réunion « d’amis du soutien inconditionnel au massacre » des Palestiniens à Gaza.
Le leader communiste Fabien Roussel a déclaré qu’il « ne se joindrait pas » au Front national, l’accusant de descendre de personnes « condamnées à plusieurs reprises pour des propos antisémites » et « collaborés » avec l’Allemagne nazie.
Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a indiqué que la Première ministre Elisabeth Borne serait présente.
Veran a déclaré que le Front national « n’avait pas sa place » dans la marche.
Les attaques antisémites se multiplient
Parmi une longue liste d’actes antisémites récents, le parquet de Paris enquête sur un incident survenu le 31 octobre, lorsque des bâtiments de la ville et de sa banlieue ont été peints de dizaines d’étoiles de David.
Ces graffitis, qui rappellent l’occupation nazie de Paris pendant la Seconde Guerre mondiale et la déportation des Juifs vers les camps de la mort, ont été condamnés par tous les bords politiques.
La France affirme avoir été la cible d’une campagne russe de déstabilisation en ligne qui a utilisé des comptes automatisés de réseaux sociaux pour semer la controverse et la confusion.
Depuis que le Hamas a attaqué Israël le 7 octobre, déclenchant sa dernière et la plus sanglante guerre, les autorités françaises ont dénombré plus de 1 150 actes antisémites. Le ministère de l’Intérieur affirme que cela représente près de trois fois plus d’actions contre les Juifs français en 2022.
Dans un communiqué publié jeudi, le ministère français des Affaires étrangères a pointé du doigt la Russie, affirmant qu’un réseau de robots russes avait suscité la polémique sur les stars à travers des milliers de messages sur X, l’ancienne plateforme connue sous le nom de Twitter. Les robots sont des comptes automatisés programmés pour imiter les utilisateurs en créant des messages ou en suivant les utilisateurs sur les réseaux sociaux, souvent à des fins néfastes ou malveillantes.
« Cette nouvelle opération d’ingérence numérique russe contre la France témoigne de la poursuite d’une stratégie opportuniste et irresponsable visant à exploiter les crises internationales pour semer la confusion et créer des tensions dans le débat public en France et en Europe », indique le communiqué.
(FRANCE 24 avec AFP et Associated Press)